En matière de santé, il y a de nombreuses manières de « regarder le dedans à partir du dehors ».
Médecine et thérapies explorent l’intérieur de l’organisme par tout ce qui peut permettre d’apprécier son état, sa structure et son fonctionnement, de manière mécanique, chimique, électronique et même sensorielle. La main du masseur, du kinésithérapeute, de l’ostéopathe, du praticien shiatsu par exemple perçoit la température, la texture et le mouvement des organes dans ce qu’ils peuvent offrir à la perception externe.
Cette perception externe, qu’elle soit le fait d’une machine ou des sens, se doit d’être la plus objective possible. Elle est indispensable à l’établissement d’un diagnostic, lui-même indispensable à un protocole de soin faisant appel à une technique précise. Plus le praticien a de connaissances et d’expérience, plus sa lecture du problème pour lequel il est consulté va pouvoir être affinée. La technique employée sera de mieux en mieux ajustée à la personne à tel ou tel moment de sa vie, dans le but de la soulager et éventuellement guérir.
Nous pourrions dire que l’ensemble de cette approche du soin résulte d’une perception externe, qui élabore un savoir et la technique que l’intervenant thérapeute va appliquer.
Mais, pour notre santé, serait-il possible de « regarder le dedans à partir du dedans » et d’en apprendre quelque chose ? Le point de vue serait tout à fait différent. Serait-ce si difficile ?
Cette capacité, nous l’avons au quotidien : chaque fois que nous percevons une sensation. Externes ou internes, nos sensations nous renseignent sur ce que le monde nous fait, sur ce que nous faisons au monde et sur l’état dans lequel nous sommes. Et ceci à chaque instant de notre vie : que nous en ayons conscience ou pas, que nous soyons éveillés ou endormis, nos sensations sont à l’œuvre. Elles nous renseignent sur ce qui se passe en nous et nous alertent au besoin.
Pouvons-nous apprendre de nos sensations ? C’est en fait notre lot quotidien : j’ai froid ? Spontanément je me couvre. Si cela ne me réchauffe pas, je sais qu’il s’agit d’un froid interne. Un bain chaud conviendra mieux, ou une bonne friction des membres, ou encore faire le tour du pâté de maisons en courant.
Nous entrons ici dans le « soin domestique », où celui qui prend soin est celui qui perçoit de l’intérieur. Il n’y a pas d’intermédiaire, pas de délégation de responsabilité ni même d’anticipation : la sensation indique ce qui se passe à chaque instant et les besoins de l’organisme. Les besoins vont eux aussi changer, selon que l’on réponde à leur demande ou pas. Le vivant se met à l’œuvre et nous sommes aux premières loges de cet immense jardin suggéré par Akiko, reproduit dans le cadre où était suspendue la clé.
À moins que le cadre ne soit le portail lui-même : la clé l’a ouvert sur ces fleurs comme dessinées à propos…